Triathlon 101
Comme bien des sports d’endurance un peu bizarres, le triathlon est l’invention des californiens, qui ont commencé cette folie au milieu des années 70.
C’est toutefois aux Navy seals d’Hawaii qu’on donne le titre de vrais inventeurs de ce sport.
Alors qu’ils s’obstinaient depuis longtemps à savoir si les meilleurs athlètes d’endurance étaient les nageurs, les cyclistes ou les coureurs de fond, ils ont décidé de régler ça à la dure en enchainant l’une après l’autre les 3 épreuves sportives les plus difficiles sur l’île, le Waikiki Roughwater Swim (3,85 km), la course cycliste Around-Oahu (180 km, normalement disputée en deux jours) et le marathon d'Honolulu (42,195 km).
Tout cela dans le même ordre que ces compétitions californiennes dont ils avaient entendu parler : swim-bike-run. Celui qui passerait la ligne d’arrivée le premier serait appelé le «Ironman». C’est aussi simple que ça.
Avec des distances ridiculement grandes qui paraissaient impossibles à l’époque, cet événement d’allure surnaturelle pris rapidement plus d’importance que les triathlons ordinaires qui se multipliaient un peu partout.
Bientôt, la compétition portant le nom Ironman deviendrait une marque de commerce qu’on allait exporter dans des endroits paradisiaques pour y tenir d’autre épreuves de même distance qui permettraient de se qualifier pour la course d’Hawaii, qui devint rapidement le championnat du monde de triathlon.
Parallèlement, des événements sur des distances plus courtes avaient lieu partout dans le monde. Une fédération internationale de triathlon vu le jour (ITU), des coupes du monde et des championnats du monde sur plusieurs distances aussi.
Jusqu’à ce qu’on veule emmener ce sport aux Jeux olympiques.
La distance « olympique » a été élaborée dans les années 1990 par l’ITU. On y a enlevé l’interdiction de «drafting» (sillonage), les cyclistes pouvaient donc rouler ensemble sans prendre de pénalités (qui, selon le Commité international olympique, ruinaient l’essence de la course) sur un circuit comportant plusieurs tours pour qu’il y ait des spectateurs intéressés...
Depuis ce temps, L’ITU et la WTC (World triathlon corporation, propriétaire de la marque Ironman) se disputent le marché mondial du triathlon.
C’est ainsi qu’on peut être champion du monde sur plusieurs distances dans des sports qui ne ressemblent pas tant que ça, mais qui ne font qu’un aux yeux du public. Comme à la boxe (IBF, WBC, IBO, WBA, etc.) ou en course automobile (F1, Nascar, Champcar, WRC, etc.).
Mais encore aujourd’hui, l’Ironman d’Hawaii reste la seule épreuve connue du grand public. C’est le Tour de France du triathlon, ce qui en fait un incontournable pour les professionnels de ce sport s’ils veulent avoir un chèque de paie intéressant pour l’année suivante.
Aujourd’hui, les quatre distances les plus utilisées en triathlon sont :
Sprint (750m de nage, 20 km de vélo, 5 km de course)
Olympique (1.5 km de nage, 40 km de vélo, 10 km de course)
Demi-Ironman (1.9 km de nage, 90 km de vélo, 21.1 km de course)
Ironman (3.8 km de nage, 180 km de vélo, 42.2 km de course)
Il y aussi beaucoup d’événements indépendants qui vont organiser des courses sur la distance Ironman sans être en droit d’utiliser cette marque de commerce. On verra alors l’appellation «Iron-distance triathlon» ou «half-Iron distance» pour un demi-ironman.
À titre d’exemple, le demi-Ironman que j’ai fait en septembre 2010, à Syracuse, était organisé par la marque Ironman.
Celui de Magog, disputé il y a 3 semaines, était offert par le triathlon du lac Memphrémagog sur la même distance, sans en avoir le label officiel. Mais ça ne change rien, c’est aussi dur.
La différence se situe au niveau de la norme organisationnelle. En participant à n’importe quel événement de la marque Ironman dans le monde, vous payez plus cher et êtes assurés d’obtenir une certaine qualité d’événement digne la marque. Ce qui n’est pas garanti dans les autres courses, bien que c’est souvent aussi bon sinon mieux. C'est du marketing.
L’Ironman du Mont-Tremblant, qui aura lieu en grande première l’an prochain, attire beaucoup plus les incrits que la « Iron-distance » du triathlon de Montréal (souvent appelé Ironman de Montréal…), qui ne pourra jamais avoir la même réputation même si elle existe depuis longtemps déjà. C’est la force de la marque, les gens veulent se faire crier «You are an Ironman !» à l’arrivée.
Certains triathlons indépendants ont tout de même de grosses réputations mondiales, comme l’Escape from Alcatraz (San Francisco) et surtout le Challenge Roth, en Allemagne, le parcours « Iron-distance » le plus rapide du monde. Le record mondial appartient à l’Allemand Andreas Raelert, 2e à Hawaii l’an dernier. Il a fait 7h41 cet été à Roth !!
Alors que les transitions d'un sport à l'autre en sprint et en Olympiques sont capitales, celles-ci sont moins pressantes sur les longues distances. L’intensité n’est pas la même non plus : un sprint prend environ une heure (au fond du début à la fin) alors que l’Ironman prend entre 8 et 17h (2h20 pour faire la natation, 10h30 pour le vélo et il reste 6h30 pour le marathon. Sinon, t’es pas un homme de fer, désolé).
Généralement, les catégories sont simples.
Il y a la compétition de groupe d’âge, qui regroupe la grande majorité des participants, séparés par tranches de 5 ans. C’est le cœur du sport, son côté rassembleur et communautaire, qui encourage les gens à se lancer de gros défis ou à simplement faire de l’activité physique.
Les pros (ou élites) ont une licence de coureurs professionnels et se disputent la victoire à une allure plus rapide pour des bourses beaucoup plus importantes. C’est le volet compétitif du sport.
Il y a aussi les divisions pour personnes handicapées (physically challenged), qui doivent compléter l’épreuve dans les mêmes délais, en ayant toutefois du matériel adapté à leur réalité.
La plupart des triathlons regroupent ces trois catégories.
À Louisville, moi et mes potes seront du départ dans la catégorie 18-24 ans, les bébés Ironman. Seule La grosse Carole sera chez les 25-29 ans.
Tout ça, dans 10 jours. Watch out.
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