La Colombie-Britannique
On sent dès le départ qu’on a plus les mêmes jambes ni les mêmes vélos qu’à Terre-Neuve : Tout est neuf!
Cette magnifique journée tout au long du superbe sea to sky highway sera très facile malgré les nombreux faux-plats et montées.
Faut dire qu’on était prêts et motivés à repartir et que nous avions le vent de dos!
À notre troisième visite à Whistler cette semaine (après le vélo de descente et le snowboard), nous sommes reçus chez Roxanne, une amie dont j’ignorais la présence ici jusqu’à hier soir.
Visite du village, 3 bonnes bières dans le spa et dodo… au chaud encore. La grande vie.
Voilà une bonne semaine que nous sommes chez des amis. Un merci spécial à François Riverin, qui nous a reçu chez lui à Vancouver, nous a fait visiter la ville, nous a amené deux fois à Whistler ainsi qu’à Seattle pour un road trip ben chill avec ses amis Phil et Vince.
Je ne pourrais pas dire que cette semaine de vacances était comme un rêve… Car je n’ai jamais fait un rêve aussi cool!
Et demain, c’est le retour à la réalité. On est prêts, a eu un «boot camp» de trois semaines dans les maritimes! Game on.
2670 km, 126 heures.
«Train hard, rest hard»
Roland Green
Jour 31: Whistler-Cinnamon recreation site. 115 km.
Un mois, jour pour jour, nous partions de la maison! C’est fou comme ce fut constructif, et c’est loin d’être fini!
C’est encore une route féérique, à voir pour le croire, qui nous attendait jusqu’à Penberton ce matin.
Nous avons ensuite roulé une quinzaine de kilomètres planches dans la vallée entourée de montagnes aux neiges éternelles, avant d’attaquer la terrible montée de la Duffey lake road.
13 km, environ 12% d’inclinaison en moyenne. On y a passé 2 heures. Les 5 premiers km étaient atroces. Il fallait y aller à fond pour rester en équilibre. Grosse muscu-vélo! J’y ai fait mon premier flat, le 2e du voyage au total après celui de Maxime hier.
On se croyait alors partis pour une journée de 80 km, mais la descente/faux plat de l’autre côté durera 50 km. Tranquillement, la neige du sommet a disparu et la verdure a repris sa place tout au long de cette incroyable route qui serpentait entre les montagnes.
Elle nous a mené jusqu’à un «recreation site», des petits terrains de camping situés en bordure de la route et près de la rivière.
J’en ai profité pour essayer ma nouvelle technique de lavage en rivière glacée : immersion totale de 2 secondes, la sueur part avec le courant et on ne gèle pas en se mettant du savon durant 2 minutes.
Ça dépanne bien pour passer une bonne nuit, qui commence tout de suite.
2785 km, 132 heures.
«Alors maintenant, on se retrouve sur la route, avec nos peur, nos angoisses et nos doutes.»
- Patrick Bruel, Qui a le droit.
Jour 32 : Cinnamon recreation site- Cache creek. 110 km.
Première nuit de camping à dormir sans gants ni tuque, en caleçons et gros manteaux seulement. La pluie a tombé toute la nuit et les tentes sèchent vite. Avec du bon matériel, pas de pertes de temps!
Ce sont 20 km tortueux, autant en montée qu’en descente, qui nous mènent vers un excellent déjeuner-dîner dans cette pittoresque ville détrempée nommée Lilooet.
On repart avec nos 12 degrés et cette petite pluie fine intermittente qui suivra toute la journée dans des décors dignes du Far west. On a bien pris quelques photos, mais ça ne vaut rien. Il faut venir ici soi-même, c’est une route folle.
Toutes ces montées et descentes, ces décors dignes des étapes de montagnes épiques du Tour de France. Une ambiance grandiose, sauvage, qui nous donne l’impression d’être si petits et vulnérables. Mais aussitôt qu’on bascule dans une vallée, vers la civilisation, on se sent aussitôt invincibles.
La chaîne du Pacifique, souvent confondue avec les rocheuses, est maintenant derrière nous. On retrouve notre rythme pour la grimpe.
On finit tout de même trempes et bien refroidis. Il se met à mouiller plus fort. On prend un motel et on ne s’en fait pas avec ça. Après Terre-Neuve, ça va en prendre plus pour nous impressionner.
2900 km, 137.5 heures.
«That’s alright because I like the way it hurts.»
Eminem feat. Rihanna, I love the way you lie
Jour 33: Cache creek-Kamloops. 90 km.
Départ lent ce matin en raison de la sécheuse qui ne séchait pas! Une fois sur cette route dans un désert de collines, la pluie prévue ne nous a jamais tombé dessus.
Le soleil nous a gardé sous ses confortables 15 degrés, avec les gros nuages méchants nous frôlant à gauche. Tout était beau, avant que mes deux pneus soient «slow flat». Je suis arrivé à Kamloops complètement déssouflé dans tous les sens. Les problèmes d’équipement s’acharnent sur moi et j’en ai plein mon casse.
Une fois cet enième problème règlé, j’ai demandé un réalignement de ma roue arrière qui faussait de plus en plus. Simple précaution.
Finalement, le mécano ne pouvait plus rien faire. Il a même empiré le problème. La roue est rendue banane, quel imbécile. Comme un pompier qui allumerait un feu en voulant l’éteindre…
On est donc pris ici et on gosse 45 minutes pour trouver un motel encore car les orages arrivent encore…
Il y a une petite piscine et un spa. On est bien heureux finalement malgré cette autre journée bizarre où l’on ne peut rouler à notre guise.
Depuis le début du voyage, il est difficile d’avoir une journée normale, sans vent de face à 50 km/h, pluie glaciale ou 4000 m de dénivelé. Tout ça, sans compter mon bicycle qui brise quasiment à chaque jour depuis un mois. Aujourd’hui, il m’a eu pour de bon, mais chaque problème a une solution, ça d’lair…
3000 km, 142 heures.
«Tant de morts, mais que peuvent les hommes face à tant de haine?»
- Le roi Théoden, le seigneurs des anneaux, les deux tours.
Jour 34 : Kamloops-Sicamous. 150 km.
On se lève plus tôt qu’à l’habitude et je me rends au bike shop pour l’ouverture et on me vend une nouvelle roue qui devrait tenir jusqu’au Québec. Voilà une autre bonne occasion de dire notre slogan de motivation numéro un dans ce voyage : «Ça aurait pu être pire, John.»
On décolle un peu avant l’heure normale pour continuer dans cette vallée au Nord de celle l’Okanagan (Je pense). C’est désertique et feuillu à la fois, encore très joli.
De belles montagnes sur les côtés, mais une route surtout planche et descendante, avec un vent de dos, deux gars et deux becyks qui vont bien tous les 4.
Pour la deuxième journée de suite, les dieux de la pluie, pourtant plus qu’annoncés, nous ont épargné.
On a donc filé avec une moyenne de 24 km/h toute la journée pour finir au camping. ENFIN! Le premier officiellement ouvert avec une douche chaude pis toute… au 26e jour de vélo dans ce voyage et plus d’un mois après notre départ.
On mange, sans gants ni tuques. Le voyage commence tranquillement à être normal. Mais bon, on avait juste à plus quitter le Saguenay plus tard! Demain on attaque les premiers contreforts des rocheuses canadiennes. Can’t wait
Je ne trouve pas le sommeil, on dirait que je n’ai pas roulé. Bizarre.
On est le 28 mai. Ironman Louisville : Jour-j-3 mois.
«Tient tient, le point de congélation du Nutella est plus haut que celui du beurre de peanuts.»
- Une pensée que nous avons à chaque matin frette en camping!
Jour 35 : Sicamous-Canyon hot springs. 110 km.
J’ai eu de la misère à m’endormir hier et je suis pété un peu ce matin mais on avance bien lors de ce premier jour où l’on roule en cuissard-maillot!
Mon pneu avant est de nouveau en crevaison lente dès le départ et ma nouvelle roue arrière est déjà bel et bien fausse… Osti de criss. Là j’en ai ras-le-bol.
On atteint Revelstoke sur une route bien plus facile que prévue et un mécano resserre le seul rayon complètement mou sur ma roue. «No worries» pour le reste du trip, dit-il. Encore une fois, je suis condamné à faire confiance.
Chaque mécano rencontré sur la route trouve un problème à mon vélo et pense que son prédécesseur a fait une mauvaise job.
"Voyons donc, qui a fait ça? Ça pas de bon sens?"
"C'tun gars comme toi qui a fait ça, el grand."
Ils sont n’importe quoi les mécanos. J’ai toujours eu de la misère avec la plupart d’entre-eux, sans vouloir généraliser.
Je change le pneu avant, suspectant qu’il cause ces crevaisons lentes, mais tout de même chiantes. Il ne nous reste que 35 km dans cette journée peinard entre les hauts sommets avant d’arriver au dernier camping avant la haute montagne.
Et non le moindre. Le Canyon hot springs offre, comme son nom le dit, des spa d’eau minérale naturellement à 100 degrés avec une belle piscine refroidie à 84 degrés pour faire la transition froid-chaud qui détend beaucoup.
Avec ce décor montagneux (photos et vidéos à voir) et cette ambiance trop relaxante, on a de la misère à sortir de l’eau et on a nagé plusieurs longueurs. Faut pas oublier l’Ironman!
Je n’ai pas perdu beaucoup de technique, c’est plus la résistance des muscles de nage et l’équilibre dans l’eau. Mais je ne suis pas inquiet qu’on va être correct pour sortir de l’eau vivants à Louisville.
Demain, on entre dans les rocheuses, même si ça fait deux jours que je le dis déjà!
3260 km, 153 heures.
«J’compte bien mener ma vie sans que ce soit plate.»
- Sir Pathétik, j’ai toute essayé.
Jour 36, Canyon hot springs- Golden. 115 km.
Debout à 3h du matin pour une entrevue avec Myriam Ségal au 98.3 fm au Saguenay : J’aurais déjà été prêt à repartir rouler tellement ce bain thermal d’hier m’a fait du bien!
«TD», un gars de Vancouver que nous rencontrons avant de partir, a commencé sa journée à 3 heures, lui. Il vient de finir son étape à 10h le matin et chillera toute la journée dans les spas. Cuisinier, il a prit rendez-vous avec des chefs tout au long de la route jusqu’à Saint-John’s, Terre-neuve. Il ne connait rien dans le bike, roule la nuit en raison des camions et il a l’air d’avoir bien du fun à pédaler le pays lentement avec son grand sourire! Cool.
On attaque la fameuse Roger pass, ou «Col de Roger» en Français, dès le départ. Mon équipement poursuit sa lancée alors que je perds une sacoche arrière en roulant dans un tunnel à ras-la-montagne. Un point d’attache s’est cassé. On sort les cordes…
Finalement, on atteint le sommet du col à 1300 m très facilement après deux heures à monter un petit faux-plat au travers du super Glacier National park. La route n’est jamais pentue et on est déçus. C’était supposé être un gros challenge, mais ici, c’est la trans-canadienne et la route est faite pour être franchie par les camions. Ce qui explique pourquoi on gagne lentement de l’altitude depuis 3 jours! La Duffey lake road et Terre-Neuve étaient 100 fois pires.
La descente arrive ensuite. On m’avait dit de faire attention dans les tunnels… entendu. Ça n’a pas empêché un camion de me jeter un nuage de poussière pour m’aveugler et me chauffer les yeux (pas de lunettes dans les tunnels!). Extrême. Pas trop souvent svp.
Le reste de l’étape est faux plat montant et descendant, toujours dans ce décor hallucinant. Pendant toute l’étape, ma nouvelle roue s’est totalement démolie. C’est foutu. On ne quittera pas Golden sans trouver une solution. Je vous épargne mes frustrations vraiment pas catholiques à propos de mon vélo.
Disons que le reste va bien : température, vent, parcours, camping, bouffe, tête, corps, vélo de Maxime depuis le départ, pis toute pis toute!
3375 km, 159 heures.
«C’tout le temps moé qui a le stock de mmmmaaaaaaaarrrdddeee.»
- Charles Thibault
Jour 37 : Golden-Lake Louise. 85 km.
Journée relaxe
7h30: debouts
9h00: Le mécano québécois de la shop de bike me monte une vraie roue de cyclotouriste. Tout s’arrange dans la vie…
10h00 : On mange des céréales au soleil devant le bike shop en jasant avec deux français cinglés qui font Montréal-Vancouver avec des bikes Canadian tire. Ils voulaient le faire à pied mais se sont achetés des vélos finalement, même s’ils n’avaient jamais roulé. Pas de casques, pas de tête, pas de clips ni de cuissard, avec des sacs-à-dos en roulant et ça fume des cigarettes avant de partir. Méchants mongols. Partis de Montréal à la fin mars, ils méritent tout de même le respect, mais c’est pas mon genre de monde…
11h00 : On jase de bike avec le gars de la shop et on part avec ma nouvelle roue arrière, ma troisième du voyage.
12h30 : Ça monte graduellement au travers des montagnes parfois en sable et des rivières à l’eau bleu azur au fond. Malade!
13h : Frontière de l’Alberta. On mange du Nutella et on rencontre Skye, un Ontarien de 19 ans qui traverse le pays pour ramasser de l’argent pour son grand frère, qui est muet et en chaise roulante. Une maladie bizarre de communication. Sa mère le suit en campeur et leur campagne les amène dans plusieurs villes pour finir à Saint-John’s, début août.
16h : On repart avec Skye à bloc dans la kicking horse pass, un col roulant de 8 km culminant à 1600 m d’altitude. On avait le goût de ressentir de la vraie douleur pour une fois, comme dans les courses. C’était cool!
17h : Après avoir pris une petite route cabossée fermée aux autos, on arrive au lac Louise en évitant le 5 km de montée pour y accéder.
17h02 : Le lac est gelé! On prend photos et vidéos et c’est tout.
17h10 : Arrivés à la super auberge de jeunesse géante. Les campings sont fermés aux tentes en raisons des Grizzlys et notre hiking dans les rocheuses sera interdit pour les mêmes raisons. Ce sera pour un autre voyage.
21h00 : Demain, dernière journée dans les rocheuses et grosses descentes vers la fin.
3460 km, 163 heures.
«Aaaaaahhh le off-season nous suit partout!»
- Maxime, découragé de rater le hiking.
Commentaires
Premièrement, nous sommes très fiers et heureux pour vous et nous vous félicitons pour ce que vous réalisez ensemble. Nous sommes toujours contents de vous voir et de vous lire. Les photos sont magnifiques et les mots nous manquent. Pour le blog nous comprenons que cela ne devait pas être évident dans les rocheuses, mais connaissant David, les notes sont là et resteront là...
Je le retrouve bien dans une de ces citation "J'compte bien mener ma vie sans que ce soit plate"
Pour toi Maxime, j'espère que tu pourras faire du "Hiking" à ton goût...Je ne sais qui lead le voyage, mais vous semblez cool...
Je vous embrasse! Maman Anniexxx