Courir élite au Québec, c'est quoi?


Je me posais la question il y a quelques années, quand je rêvais de rouler pour Volkswagen-Trek ou Sleeman.

C'était à l'époque où je croyais que les neufs coureurs d'une même équipe au Tour de France se prêtaient le même vélo de Chrono parce c'était trop dispendieux. À l'époque où je me sentais mal quand je voyais un coureur chuter dans un sprint du Tour, me disant qu'il va devoir acheter un autre cuissard et pis ça coûte cher! Dans le temps que je croyais que les organisateurs lavaient le maillot jaune à chaque soir...

Je suis convaincu que bien des lecteurs qui ne sont pas dans ce monde tous les jours se demandent un peu comment ça fonctionne, le support, le matériel, les courses, la vie à travers tout ça? Maintenant que j'ai les réponses, partageons-les! 

À noter, avant de commencer, que les conditions diffèrent d'une équipe à l'autre. Sachez aussi qu'il y a des coureurs qui courent tout simplement pour des clubs. Je parlerai ici des Groupes sportifs bien établis et bien financés, les "équipes". Je parlerai de par ma modeste expérience.

Premièrement, lorsqu'on nous croise parfois en vélo, on nous demande: "êtes-vous professionnels?". Ce que à quoi je répond non, disons semi-pro? Encore là, pour plusieurs, semi-pro veut dire pro partout, sauf sur le grand circuit européen, mais bon. Ce que je veux dire, c'est je ne suis pas payé mais je ne paie rien ou presque.

Le vélo: donné ou prêté pour la saison. Dans mon cas, j'ai conservé mon Devinci de l'an dernier et cette année, je redonne le Kuota à l'automne. Ça dépend des cas, du contrat, si contrat il y a, et les attentes envers le coureur en dépendent aussi!

Côté chrono, Devinci prêtait un superbe Léo T2 à chaque coureur pour l'année. Cette saison, c'est la même chose avec Kuota, mais pour certains coureurs seulement, ceux qui font plus que les Mardis de Lachine. Dans mon cas, j'ai choisi de m'en acheter un de base gamme en attendant d'aller vite sur l'effort individuel!

Côté support, tout dépend des projets que l'équipe choisit de faire. Lorsque le team se déplace, le ravitaillement, la chambre d'hôtel et parfois même l'essence et la bouffe sont fournis. Sinon on s'organise et les remboursements sont fréquents.

Les gains en argent sont divisés parmi les coureurs qui ont aidé dans la course. C'est une règle non-écrite, comme de quoi elle n'est pas toujours respectée... Avec Eva, le "split" avait lieu après chaque course. Cette année, ce sera au terme de la saison.

Certains coureurs, qu'on peut dire "protégés" en raison de leur performance, ont souvent droit à des privilèges de toute sorte. Chambre à part, roues en carbone de grande valeur, vélo de rechange etc. Des décisions qui en font jaser certains. 

Je trouve que c'est tout à fait normal que ça fonctionne ainsi. Les gars qui obtiennent ces faveurs travaillent très fort toute l'année pour être à ce niveau sur le vélo. À mes yeux, c'est la moindre des choses de leur redonner un peu de ce qu'ils donnent sur le terrain. 

Je suis un équipier et lorsque je vois mon leader assurer en fin de course, je suis fier de son travail et je trouve qu'il mérite qu'on lui redonne les conditions parfaites pour reproduire l'exploit aux prochaines courses! Pas facile, le bike! Moi, je ne voudrais pas être à leur place. Du moins je ne suis pas encore prêt.

Les vêtements; Ça dépend si l'équipe les paie ou un commanditaire les fournis. Nous avons un excellent support de la compagnie québécoise Apogée cette année. 2 kits maillot-cuissard, quelques vestes, un skinsuit de contre-la-montre, warmers de bras et de jambes, gants. On a même notre nom écris derrière nos maillots! Un petit T-shirt pour s'identifier à l'équipe. Des paires de bas en masse. C'est bien agréable.

Côté accessoires, Oakley nous fournissait une paire de lunettes l'an dernier. J'ai les mêmes pour cette saison, n'en ayant pas reçu d'autres. Je reçois un casque par saison et pour ce qui est des souliers, les fournisseurs détestent en offrir aux coureurs puisque c'est une affaire très personnelle, le pied. Même chose pour les pédales.

Il est certain que plus l'équipe est grosse, plus les commanditaires insistent pour être partout. Eva-Devinci était une équipe un peu plus équipée. En ce sens, j'ai reçu l'an dernier une vingtaine de t-shirts, des kits Devinci pour l'entraînement, etc. C'est sans compter les vêtements Eva. 5 kits maillots-cuissards, un skinsuit, deux maillots à manche longues, les vestes, les warmers etc. Bien sûr, une tonne de paires de bas. Et je ne porte plus rien de tout ça!

Les équipes ont souvent un véhicule et une tente au couleur des commanditaires, question de montrer ceux qui financent le tout et pour rassembler les coureurs, créer un esprit d'équipe...

Pour le reste, les stratégies entre autres, c'est un peu comme dans les documentaires vidéos sur les équipes pro, mais à plus petite échelle bien sûr. Chaque coureur à un rôle en fonction de ses capacités et de son niveau de forme. Lorsque le gars devient plus fort ou moins fort, l'équipe ajuste son rôle dans la course. Tout dépend aussi du parcours, des conditions, des circonstances de course, du classement général si c'est une épreuve par étapes, etc.

Pour ce qui est de la vie en dehors, c'est bien sûr personnel et ça diffère grandement pour chaque coureur. Certains sont sérieux à fond douze mois par année, d'autres sont équilibrés et d'autres ont une attitude qui donne parfois l'impression qu'ils ne font pas de vélo du tout. Et les résultats ne sont pas nécessairement en lien avec la qualité des habitudes de vie. Il s'agit là de choix de vie et de personnalités très distinctes.

L'entraînement et les études diffèrent également pour chacun. Plusieurs arrêtent l'école à l'hiver pour se consacrer à l'entraînement. D'autres continuent les études, mais à distance. il y a finalement ma catégorie, ceux qui peuvent passer deux semaines sans s'entraîner s'il y a trop de devoirs. C'est encore là une question de choix et les résultats sont généralement reliés à ces choix...

Jusqu'à maintenant, je réussi à m'en sortir plus ou moins bien. Il faut dire que mes parents m'ont beaucoup aidé aussi et je peux en profiter pour les remercier. Maintenant, c'est une saison à la fois. J'ai trouvé ça difficile l'an dernier, mais la passion est belle et bien revenue. J'ai atteint mon but de courir dans l'une des meilleurs équipes de la province. Un but qui semble ridicule pour certains et admirable pour d'autres. Moi, en tout cas, je m'y plais et je me donne à fond à chaque fois pour que ça puisse continuer encore un an de plus!

Je voudrais bien vous parler des projets de l'équipe du Québec et de l'équipe canadienne, mais c'est au-dessus de mes compétences. Je n'y suis jamais parvenu, c'est un autre niveau, encore un rêve pour moi. Un rêve que plusieurs amis réalisent souvent. J'aimerais bien représenter ma province ou mon pays une fois dans ma "carrière", mais je suis loin d'y être arrivé et j'en suis conscient. Peut-être un jour!

J'aurai la chance de me qualifier pour les Jeux du Canada en fin de semaine. Encore une fois, j'oserais dire que je suis perdu d'avance, je ne le dirai seulement pas parce que je vais avoir plein de commentaires de gens qui vont dire que je suis pessimiste. Sachez qu'un pessimiste est un optimiste bien informé. Franchement, je n'ai jamais réussi à me qualifier pour les Jeux du Québec! Je vais quand même me présenter, parce que c'est à force d'essayer que je vais réussir. Au pire, j'aurai monté une marche de plus vers le prochain étage!

Commentaires

Philippe a dit…
Bonne chance!
J'aime bien ton attitude
Anonyme a dit…
tu connais tellemnt rien dans le bike hohohoho,

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