Journal d'un camp d'entraînement


Voici le résumé de la première semaine de mon camp en Caroline du Sud. J'avais tenté de publier le tout sur le blogue, mais un problème avec la marge de l'interface du blogue m'avait contraint à écrire chaque soir...Sans publier. Après quelques engueulades avec le site internet et un cours 101 de langague html, j'ai règlé le problème. Voici donc ce qui s'est passé dans ma vie ces derniers temps:

3 mars 2007, 4h, 20 degrés

Après une longue nuit de sommeil pour tout le monde, nous sommes partis en groupe, tous les quinze, à 10 heures du matin. 

À la 45e minute, ceux qui roulaient deux fois dans la journée ont pris la direction du retour. Je faisais parti de ce groupe, puisque je devais aller acheter les repas à l’épicerie et surtout, donner des nouvelles de mon voyage au café internet. Nous avons donc roulé une heure 40 minutes, monté deux petits cols. Ce fut plutôt relax.   

- Il n'y a rien à faire ici, hormis le vélo. C’est pourquoi nous roulons un peu plus longtemps que prévu. Question d’occuper le temps !

- Stéphane a eu la brillante idée, dans un moment d’inattention, de mettre de l’essence super dans son…Rav4. Bref, cela nous a valu une bonne jasette avec la méchante madame du dépanneur qui n’avait rien à faire mais qui refusait tout de même de coopérer. Ha, ces Américains.

4 mars 2007, 4h, 20 degrés avec pluie

La douce mélodie de la pluie nous a réveillé ce matin. Étant donné que des orages étaient annoncés pour toute la journée, nous savions bien que ce mardi 4 mars serait une longue journée au bureau. 

Devant l’éventualité d’une longue sortie sous la pluie, tous donnaient leur opinion sur la chose, certains disant qu’il était inutile d’aller rouler, du moins trop longtemps. D’autres croyaient plutôt qu’une telle sortie ne ferait que nous renforcir.

 Après réflexion, j’ai choisi de partir faire mon entraînement de quatre heures prévu à l’horaire. J’y suis allé avec 5 autres fous, alors que la brume nous entourait constamment, à travers les raides ascensions et les vertigineuses descentes qui faisaient partie de notre parcours. 20 minutes après le départ, Antoine Matteau doit rebrousser chemin en raison de problèmes mécaniques. Nous sommes donc cinq et nous le resterons jusqu’au début de la troisième heure où, après une accélération progressive de mon rythme de pédalage durant l’entraînement, j’ai « serré la vis » dans le dernier petit col sur notre route, question de faire une courte intensité dans cette journée où le simple fait de rouler constitue un très bon entraînement en soi.

J’ai ensuite continué seul pour la dernière heure, mes collègues ayant décidé de rentrer au chalet, devant lequel nous passions. J’ai continué jusqu’à une dernière montée pour bien terminer la journée. Après tout, j’étais habillé pour une température de 0 degrés, donc je n’ai pas eu très froid. J’en ai profité pour « faire le métier » jusqu’au bout. J’y ai rencontré alors quelques autres membres du camp en sens inverse, mais j’en avait assez, j’ai rentré à la maison.

À mon retour au chalet, je me rends compte que sur les 15 membres du camp, je suis celui qui a roulé le plus longtemps. Oups. Mais ce n’est pas grave, je me sens bien ce soir et après une soirée de lessive et une séance d’internet en face du café internet, je vais me coucher tôt, en espérant me lever demain matin sans aucun serrement dans la gorge. Si c’est le cas, j’aurai donc pris la bonne décision de rouler quatre heures aujourd’hui.

En résumé, côté température, c’était ma deuxième pire journée sur le vélo, après mon épique traversée du parc des Laurentides à 15 ans, 8 degrés, 6h30 de pluie et un beau vélo en cromoly à 200 dollards. Il n'en demeure pas moins que c'est un mal nécessaire, et que ce n'est pas si désagréable.

5 mars, 5h00, 13 degrés

Pour cette première vraie journée de camp, je me suis offert une assez grosse sortie, ponctuée d’au moins six ascensions de longue durée, plus une bonne centaine de vallons qui savent vous casser les jambes après quelques heures.

Le tout s’est déroulé sous une température assez froide, mais le beau soleil qui a plombé sur la région toute la journée a rendu cette journée très agréable. Nous sommes partis à 10h00, le groupe au complet. À la première ascension, les juniors nous menaient la vie dure à l’avant, donnant l’impression qu’on était parti pour une heure. Après avoir passé la moitié de l’ascension (environ 25 minutes) derrière le groupe à environ 500 mètres, j’ai remonté tranquillement pour recoller le groupe avant le sommet. Ceux qui avaient commencé fort étaient alors plus faibles. Chacun son truc, comme dirait l’autre.

La journée a continué, je me sentais de mieux en mieux alors que nous escaladions tels des chèvres toutes les montagnes qui composent cette magnifique région. De retour au camp de base après 3h30, je suis reparti remonter le col du départ, aller-retour et seul. J’ai réussi tant bien que mal à le monter un peu plus vite que je ne l’avais fait durant la première heure, ce qui est bon signe. J’ai bien géré mon effort. 

- La température est froide ici, mais c’est très agréable. Si je pouvais résumer, je dirais que ça ressemble au mois de mai au Québec, mais avec de super cols pour s’entraîner et des descentes dans lesquelles il ne faut surtout pas tomber.

- Il reste encore une « grosse journée » avant la quotidienne relaxe de vendredi, après quoi les deux premières courses de ma (très) jeune carrière senior auront lieu. On ne sait pas trop quel sera le niveau à ces courses. À voir les bourses dans ma catégorie, pro-1-2, on pourrait croire que quelques grosses cylindrées vont se pointer à River falls samedi matin. Par contre, à la quantité de cyclistes rencontrés dans la région depuis notre arrivée (3), nous avons plutôt l’impression que ces courses d’entraînement auront une saveur plutôt « régionale », avec des grosses bourses (500 dollars au gagnant pro-1-2).

J'ai hâte

6 mars, 4h45, 21 degrés

C’était la dernière grosse journée d’entraînement de la semaine, aujourd’hui. Je suis parti avec Stéphane et nous avons repris les mêmes routes que la veille. Deux heures et demie et deux cols plus tard, nous avons entamé la longue descente digne des pires routes alpestres. Après cette partie de plaisir, nous avons tout simplement rebroussé chemin, refait les quelque 1500 mètres de dénivelé composant la première moitié du parcours.

Suite à un départ très lent, nous avons progressivement accéléré le rythme à chaque heure, pour que la quatrième se résume à une échappée de deux fous à travers ce relief qui est loin d’être plat. Bref, nous avons très bien gérer notre effort encore une fois. C’est la première journée que je ne roule pas en grand groupe. J’ai donc eu l’occasion de m’entraîner de façon idéale : départ lent, arrêt pour remplir les bidons lorsque désiré, alimentation aux 30 minutes, accélération progressive. Les résultats furent immédiats, moi et Stéphane roulions encore comme des avions après quatre heures dans les montagnes.

Parlons-en de ce Stéphane ! Avec environ 200 km dans les jambes cette saison, il parvient à me suivre facilement. Bien qu’il soit un peu « accoté » dans les cols, il a toujours son orgueil d’acier et m’attaque dès qu’il en a la chance, même s’il reste trois heures à rouler et plein de longues montées. J’ai réussi à le lâcher à 200 mètres de la fin de l’entraînement, après 4h30 de vélo,  au sommet du dernier col dont la descente nous a servi de « cool down » avant la fin.

C’est donc la fin de la première semaine d’entraînement. Demain sera une journée relaxe où nous roulerons entre deux et trois heures très relaxes sur le plat. Nos premières courses de la saison auront lieu en fin de semaine. Avec 48 heures de repos, on devrait être prêt, du moins on l’espère. Sinon, pas grave. La saison est longue…Longue…longuelonguelongue.

7 mars, 45 minutes, 15 degrés avec pluie

C’était journée de repos aujourd’hui. J’en ai profité pour aller à l’épicerie, écouter des vidéos de cyclisme, discuter avec les autres, etc. 

J'étais assez détruit de mes quatre jours d’entraînement précédents. C’est pourquoi je suis parti rouler à  17h30 seulement. Un petit 45 minutes pour tourner les jambes en prévision des deux courses de la fin de semaine. D’ailleurs, cette course fait beaucoup jaser. Certains disent qu’il est trop tôt dans l’année pour courir, d’autres sont « crinqués ». De mon côté, je vais me présenter, question d’avoir un aperçu du niveau à lequel je vais courir cette saison. De toute façon, mieux vaut avoir des remords que des regrets.

Et mieux vaut me souhaiter bonne chance…

8 mars, 1ere course

Nous sommes partis tôt ce matin pour aller à notre première course de la saison, à Riverfalls. Après une demi-heure dans les chemins en lacets (et en gravier) qui ressemblaient à une tortueuse route menant à une cabane à sucre, nous avons repris une route normale, question de diminuer notre envie de vomir.

 Une fois arrivé sur place, l’ambiance était assez semblable à celle d’une course provinciale, plus particulièrement à celle de Saint-Raymond de Portneuf. Après une longue attente dans la voiture, nous avons finalement enfilé nos vêtements.

Alors que la course approchait, on voit qu’il y a un pro de l’équipe Bissell qui est présent, tant pis. Il y a aussi des gars du team pro toshiba, des jeunes de l’équipe de développement Time pro et quelques autres coureurs qui semblent assez forts. Tant pis, nous ferons de notre mieux.

Comme réchauffement, moi et Stéphane décidons de faire un tour du parcours, qui mesure environ neuf kilomètres. Après 15 minutes, nous réalisons que nous sommes sans doute sur la mauvaise route. Nous rebroussons chemin pour être certains d’être à l’heure. Ce fut une très bonne décision, puisque dès le départ de la course, nous tournons à droite et non pas à gauche. Nous aurions donc raté notre départ. OUF.

Ça roule bien dès le départ et dix tours sont au programme. À chaque fois, nous redécouvrons le dernier kilomètre en montée qui deviendra un supplice pour tous les coureurs. Tout au long de la course, plusieurs échappées sont parties sans que je ne puisse les joindre. Je croyais avoir la forme pour tenir toute la course dans le peloton, j’ai donc conservé mes énergies pour ne pas perdre contact dans la côte. D’un autre côté, je n’avais certainement pas la forme pour jouer un rôle dans cette course, elle fut donc plutôt sans histoire pour moi, qui tentait de recoller le peloton à chaque fois que j'arrivais au sommet de la longue montée.

Compte tenu du fait qu’il s’agissait de ma première course senior à vie et que la majorité des coureurs présents avaient déjà plusieurs courses dans le corps cette année, je peux dire que le calibre n’était pas si relevé. Entre autres puisque certains moments de la course étaient relativement relax et que lorsque le rythme accélérait pour faire une magnifique file indienne de cycliste sur ces belles routes de campagne, je ne me retrouvais jamais sur mon plus petit braquet (pour les profanes, ma plus grosse vitesse) pour pouvoir suivre le rythme.

Malgré tout, Il s’agissait d’une course senior et j’avais une grosse semaine dans les jambes. J’ai atteint mon objectif de tenir jusqu’à la fin dans le peloton, après quoi j’ai terminé comme j’ai pu, soit 20e sur les 31 coureurs qui ont terminé (sur 92 partants). Cela me fait réaliser combien la marche est haute et combien je devrai maturer avant de pouvoir jouer la victoire dans cette catégorie, d’autant plus que le calibre est très certainement plus relevé au Québec que dans ce coin reculé des Etats-Unis d’Amérique, même s'il y avait une dizaine de professionnels sur place.

Nous étions quatre cyclistes du camp à participer à la course. Jean-Michel a brisé son pédalier au premier tour et fut ainsi victime d’une chute et a du abandonné. Stéphane a été disqualifié au premier tour pour avoir dépassé la ligne jaune, mais il est resté dans le peloton quand même, pour s’entraîner. Il a finalement été lâché au septième tour, dans la maudite côte. Thomas Devisscher a tenu jusqu’à la fin avec moi. Nous avons été solidaires, étant tous deux nouveaux dans ce monde d’adulte. Il a terminé quelques secondes après moi,en 28e place, après avoir tenté quelques échappées durant la course. ll est satisfait du travail accomplit aujourd’hui, tout comme moi. 

Nous continuons notre apprentissage demain, à Greenville, où le parcours sera, selon les rumeurs, plus plat. En tant que jeunes seniors incapables de contrôler la course ou de tenter des échappées, nous allons espérer un regroupement pour le final. Nous pourrions alors ressortir nos vieux reflex de sprinteurs juniors et faire de bonnes places, peut-être dans les 15 premiers. Si ce n’est pas le cas, nous couvrirons tout simplement la distance avec les grands, pour continuer cet apprentissage qui risque d’être long, mais ça ne me fait pas peur.

J'ai même très hâte à demain

9 mars, 2e course

La journée a passé excessivement vite aujourd’hui. Une fois debout, nous sommes tranquillement partis vers Greenville pour continuer notre apprentissage dans la catégorie supérieure.

Après quelques erreurs de parcours, nous sommes arrivés sur le site et avons reconnu le parcours. Nous avons aussitôt vu que ce serait plus plat qu’hier, mais que les grands champs près de l’aéroport allaient certainement faire en sorte que le peloton s’étire constamment.

La course s’est bien déroulée. Moi et Stéphane étions plus à l’aise qu’hier. Notre collègue Maximilien Benjamin, un junior du camp qui est venu faire la course avec nous, se débrouillait bien jusqu’à ce qu’il soit victime d’une crevaison. De toute façon, il aura toute la saison pour se reprendre !  De mon côté, j’ai même réussi à me pointer à l’avant du peloton pour attaquer dans les deux derniers tours (sur 8) de cette course de 90 kilomètres. Je termine finalement dans les derniers (43e sur 47 finissants, 98 coureurs ont pris le départ) suite au sprint du peloton, qui fut devancé par une petite échappé. Stéphane termine environ dans les 17e. Nous avons donc atteint notre modeste objectif.

Nous sommes très satisfaits de notre fin de semaine de course. Nous avons appris beaucoup et vu ce qu’il fallait améliorer pour être prêt pour le début de saison au Québec, mi-avril. Le peloton sera alors beaucoup plus relevé et nous aurons un rôle précis à jouer dans notre équipe, qui compte des coureurs plus expérimentés que nous et capables de remporter la victoire. Nous sommes confiants que cette saison sera bonne pour nous. De mon côté, je me trouve exactement au niveau à lequel je voulais me trouver à ce temps-ci de l’année.

J'ai déjà hâte à Battenkill-Roubaix, le 19 avril

10 mars, 2h20, 20 degrés

Avec la grosse semaine d’entraînement qui s’amène et la fatigue de nos premières courses en fin de semaine, il était essentiel de prendre du repos aujourd’hui.

Je suis parti avec quatre comparses pour faire trois heures relaxes sur des terrains relativement plats. Deux heures sans histoires se sont écoulées, si ce n’est du fait que quelques membres du groupe prenaient cette sortie comme un véritable entraînement plutôt que comme un repos actif. Haaa l’inexpérience.

À Walhala, environ une heure avant notre retour au camp, mon pneu Maxxis a rendu l’âme. Je roule dessus depuis le mois d’avril dernier, il aura donc fait le métier jusqu’au bout ! Je suis donc rentré à la maison sur le pouce avec un joyeux monsieur pas très pressé qui m’a raconté sa vie. J’ai donc fait deux heures vingt minutes. Ce n’est pas grave, puisqu’il s’agissait d’une sortie de récupération. Nous roulions trois heures pour la seule et unique raison que nous n’avons RIEN d’autres à faire !

- J’ai retrouvé mon troisième cuissard que j’avais perdu en juillet dernier ! En effet, Stéphane l’avait dans sa valise depuis ce temps. Il ne s’est bien sûr pas rendu compte que c’était un médium et non un large, comme les siens. Bravo Stéphane !

- Bonne fête de 21 ans à mon frère Maxime, ce qui me permet, par la même occasion, d’être majeur dans tous les pays du monde. Avec ses vieilles cartes, bien sûr !

Sur ce, je vous dis: À la prochaine fois!

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