Pour ma fête de 15 ans


 Alors que j’étais sur le point de compléter une décennie et demie de compétition cycliste en tout genre, les dieux du vélo ont tenu à souligner mes 15 ans de service sur deux roues en m’offrant mon poids en sirop d’érable.

Photo: Team Gris
Récit d’une histoire improbable.

En vélo, les maillots distinctifs font l’envie de tous. Le maillot jaune est bien sûr le plus connu et le plus convoité. Les jeunes coureurs rêvent tous de porter un maillot de meneur quelconque, ne serait-ce qu’une journée, dans n’importe quelle course. 

Pour faire une histoire courte, il faut dire que parfois, les rêves passent avec le temps. Les résultats espérés ne viennent pas toujours, malgré des hivers et des printemps à s’entraîner très fort, à bien manger et à bien se reposer.

De mon côté, il n’y a jamais rien eu à faire, je suis lent dans les côtes. Je suis un mauvais grimpeur mais j’adore les montées, j’aime ce geste. Je suis un grimpeur pris dans un corps de mini lutteur Gréco-Romain. Rien à faire. Encore aujourd'hui, je grimpe sans aucune raison logique. Cette pente n'a pas de sommet. 

Le temps file, les années passent. L’école et puis le travail prennent le relais, toujours accompagnés des critériums, où j’ai un peu plus de succès avec ma pointe de vitesse assez naturelle. Mais les efforts du passé n’y sont plus. Je mange normalement, m’entraîne juste assez pour être dans le coup sur le plat. J’aime encore beaucoup ce sport, mais d'une autre façon.

Le rêve du maillot distinctif est bien loin. Les courses de Gravel réveillent en moi le cycliste qui a fait autant de vélo de montagne que sur route dans sa vie. Je participe de plus en plus à ce genre de course-randonnée. La dernière en liste est la Classique des Appalaches. Gravel et côtes sont au rendez-vous.

Je m’inscrit au granfondo, pour le simple plaisir de rouler ce merveilleux parcours avec mon frère et notre ami. 

Sur les 135 kilomètres à parcourir à travers 2700 mètres de dénivelé positif, il y a 4 sections chronométrées dans certaines des montées les plus difficiles du parcours. Celui qui complète le total des 4 sections le plus rapidement remporte son poids en sirop d’érable et… Un maillot à pois de meilleur grimpeur !

L’an dernier, je m’étais dit que c’était ma chance et que ce serait facile. Ce n’est pas une course et je serais sûrement parmi les meilleurs cyclistes au départ, me dis-je. Ce n’était pas faux, mais j'étais gras, mal entraîné et trop confiant. Ce manque de respect envers le parcours et les autres athlètes m’a conduit vers une défaillance. J’ai monté les deux derniers secteurs au ralenti, vidé. J’ai fini loin et j’ai payé mon sirop d’érable durant les 12 derniers mois, comme tout le monde.

Photo: Classique des Appalaches 2015
Cette année, dans une approche plus discrète, j’ai remporté les deux premiers secteurs par quelques secondes à peine en sachant qu’il me faudrait écraser le troisième, le plus difficile, tout en ayant encore les ressources pour disputer le quatrième, la montée finale de la Classique, à un bon rythme.

Après deux mois à monter toutes les côtes près de chez moi, à participer à des événements qui offraient un maximum d’inclinaison positive, j’étais dans une superbe forme du début à la fin de la Classique des Appalaches, remportant le classement de la montagne au terme de 4 efforts extrêmement violents auxquels je repenserai tout l’hiver en mangeant mes pains dorés presque gratuits.

Photo: Team Gris
Mission accomplie. J’ai maintenant mon maillot distinctif. Ce n’était pas dans une course, encore moins le maillot jaune au Tour de France, mais c’était tout de même du vélo et plusieurs auraient voulu gagner cette belle récompense samedi dernier. Le premier auquel je pense, c’est le petit gars qui, il y a 15 ans, rêvait d’un jour gagner un maillot distinctif.

Commentaires

Anonyme a dit…
Super récit David, ça m'a fait sourire! Très bien écrit, comme d'habitude. Bravo pour ton maillot!

Vicky B.
cyruscode a dit…
Beau post! on remets ça l'an prochain! ;) - Nicolas (3ieme au podium)
Anonyme a dit…
Félicitation David pour ta détermination, ta persévérance et l'écriture de ton récit. C'est clair que l'organisation ne veut pas te donner ce prix à nouveau l'année prochaine. Sois un fin renard, invite tes plus proches poursuivants à tes festins de pain doré-pancake-sirop; c'est subtil mais ils prendront autant de poids que toi sinon plus!
Guy B.

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