Journal de bord: jours 6 à 10

Jour 6: Edmunston-Perth Andover, 115 km

On a gelé toute la nuit et peu dormi, donc on se lève plus tôt ce matin. Yé! On va rouler plus longtemps! Eh non... On avance l'heure au Nouveau-Brunswick. Damn it, on se reprendra.

On est pas mal scrapp ce matin et alors que nous prenons des notes mentales sur "comment ne pas geler en camping en avril", notre Gilles national nous arrive avec des cafés et des Timbits!! Je pense qu'en essayant de tomber mieux que ça, il n'aurait pas réussi!

Une fois le gros déjeuner avalé, on part avec le grand vent de dos qui nous emmènent a Grand-Sault, sur une route parfaitement plane, 55 km plus loin et ce, en moins de 2 heures.

Il fait encore soleil avec 12 degrés cette fois! Le vent est frais mais si on avait voulu des vacances faciles, on aurait pris un billet pour Cuba!

Tout le monde nous regarde comme des extra-terrestres alors que nous bouffons notre dîner à l'entrée d'un supermarché.

Parfois, il y a tellement de petits vieux qui se dirigent vers nous en même temps, le dos courbé et l'air amoché, qu'on se croirait dans un mauvais film de zombies. Il faut dire qu'on est constamment bunké, ce qui influence notre perception des choses!

Un zombie qui a déjà habité Terre-Neuve nous explique combien c'est joli et combien on va aimer ça.

Merci Seigneur, le premier commentaire significatif positif sur notre itinéraire depuis... je ne sais quand!

Outre nos amis qui nous ont dit que c'était malade et qu'on allait tripper, le reste des commentaires reçus ressemblaient plus à "Y'a encore de la neige dans le bois" (comme si on roulait dans le bois), "Vous ne réussirez jamais le parc de Baie-St-Paul avec vos grosses sacoches!" ou encore "Il va faire trop froid, vous ne pourrez pas dormir dehors".

On en a entendu plein comme ça, mais je continue de penser qu'on peut se rendre a Terre-Neuve en bicycle. Y'a tellement de choses pires que ça dans la vie, même si c'est un gros gros défi.

Pour tout le reste, il y Mastercard, bien sûr, mais aussi un bon dicton d'aventurier, disant de ne pas s'en faire avec son problème, car il a une solution.

Une fois partie de Grand-Sault, nos "fessons" quelques bonnes cotes qui changent le mal de place mais ça confirme ce qu'on pensait: Gilles d'Edmunston radote un peu!

Mon genou gauche est toujours fragile et je fais attention, je mouline. N'empêche que ça me titille encore en fin d'après-midi et que je remets de l'antiphlogistine pour que ça passe...

Je suis ok pour tenir jusqu'à la fin de l'étape, qui arrive plus vite que prévue, car Maxime se met à saigner du nez au km 110. Situation normale dans son cas, mais qui indique de la fatigue. On s'arrête donc au premier camping sur le chemin.

Bien sûr, comme tout sur notre route, c'est fermé, mais le proprio dit que ce sera ouvert pour nous. 12 dollars plus tard, il nous offre sa roulotte! On a même le camping, en bordure de la rivière Madawaska, à nous tous seuls, avec le beau soleil qui se couchera aussi allégrement qu'ira l'allure de notre soirée.

Pitiée ou respect. Je ne sais pas ce qui pousse ces gens à être si gentils avec nous alors que nous ne demandons presque rien. Mais au fond, si un cyclotouriste débarquait un jour sur mon terrain, je ferais la même chose.

660 km, 31 heures.

"Fais-le, ou ne le fais pas, mais il n'y a pas d'essai."

- Yoda, Star wars épisode 5.

Jour 7: Perth andover-Nakawik, 120 km

On est debout à 9h45. Wow, 12 heures de sommeil, faut croire que cette presque nuit blanche à Edmunston nous a tiré du jus.

Faut aussi dire qu'on voulait profiter de notre palace au maximum avant de redevenir itinérants dans les nuits plus froides. Par ailleurs, c'était pas chaud cette nuit non plus, mais là, on avait les couvertures!

On doit faire une heure de bbbiiike avant de trouver un déjeuner graisseux. Mon genou ne feel pas, la route est dégueulasse, y'a des côtes partout, ça ne va pas super ce matin. Mais c'est ça le voyage, plein de haut et de bas et ça change tellement vite.

Mon genou s'est replacé avec le temps et on accumule les bornes en longeant la St-John’s river (anciennement Madawaska) tout en prenant une pause digne des meilleures vacances en pleine après-midi, tout juste devant le plus long pont couvert au monde, à Hartland. Je croyais que c'était à l'Anse-St-Jean, mais bon, je ne connais rien dans les ponts couverts... Au moins c'était un beau coin.

On arrive ensuite sur une route endormante, inhabitée, pleine de côtes, de vent de face et de trous. Nous y passerons les 3 dernières heures de notre journée avant d'arriver à Nakawik sans eau et sans bouffe.

On se nourrit et on s'installe de façon complètement illicite derrière le stade de baseball. Le directeur de la ville vient ensuite nous donner son autorisation pour qu'on y passe la nuit.

Je prend ma première douche froide dans le lac devant le parc. Ouch, faut les vivre pour le croire, mais c'était important. Qui sait où j'aurai la chance de me laver la prochaine fois...

Une semaine de voyage est complétée et nous sommes à peu près dans les temps. Ce soir nous sommes confiants de bien dormir malgré le froid, car nous avons développé des astuces. Voyons maintenant si ça marche. Bonne nuit.

784 km,. 36.5 heures.

"J'aime mieux dormir plein de savon que plein de marde"

– Moi-même, à ma sortie du lac trop rapide pour que j'enlève tout le savon.

Jour 8: Nakawik-Fredericton (journée de repos), 65 km

Cette deuxième nuit dehors s'est beaucoup mieux déroulée que la première. Comme dirait Michel dans le film Dodgeball: "Ils deviennent meilleurs".

On quitte Nakawik et sa hache géante en reprenant la route déserte menant à Fredericton, où les maisons de millionnaires perdues dans le bois alternent les vieux shacks à la traîne.

Mon genou n'est pas fort alors qu'on arrive dans la capitale. J'ai baissé ma selle ce matin, ça aidé mais les côtes et le vent de face ne lui donnent aucune chance de se refaire. Comme Maxime me l'a déjà suggéré, je décide qu'on prend repos ici. Il fait 20 degrés avec soleil en plus!

Durant le reste de la journée, on fait nos commissions, notre lessive, on chill et on dormira dans un auberge de jeunesse, en relaxant toute la soirée dans les gros divans, à l'abris du froid, du bruit du vent.

Pour ce soir seulement.

850 km, 40 heures.

"L'important, c'est de profiter du temps qui nous est imparti"

- Gandalf le gris, Le seigneur des anneaux, la communauté de l’anneau.

Jour 9: Fredericton-Sussex, 120 km.

Déjeuner au Cora ce matin, ça change du gros déjeuner constructeur. Merci la grande ville!

Malgré ce repos d'hier, mon genou fait encore mal après 10 km et je commence à perdre espoir. Je me lève positif chaque matin en me disant que ça va se replacer mais la réalité me rattrape vite.

Maxime me suggère de revenir à mon ancienne position de potence. Je n'ai plus rien à perdre. Ça fait aussitôt beaucoup de bien et le genou redeviendra à son mieux au courant de la journée.

Le vent de face et un parcours digne des alentours de Sherbrooke seront notre programme pour la journée. Up and down tout le temps, jamais de civilisation.

On rallie Sussex après les 20 derniers km qui ressemblent à un parcours du Tour de Beauce. Pas de camping a l'horizon, on se tente sous un pont d'autoroute. Le bain glacial fait notre bonheur et on dormira bien au chaud malgré les 18 roues qui nous passent au-dessus de la tête toute la nuit.

Merci les bouchons d’oreilles. Demain, Baie de Fundy!

970 km. 45 heures.

"C'est une étape, c'est une étape qui, qui marquera les organismes, indiscutablement."

- Bernard Vallet

Jour 10. Sussex-Moncton. 150 km

On décolle un peu plus tôt ce matin pour se frotter au parcours du Grand-Prix de Charlevoix avec des sacoches durant 3 heures vent de face avant d'arriver à la Baie de Fundy.

Une fois sur place, c'est beau mais on est débattis. Ça ne vaut pas le détour, définitivement. Peu importe, on repart à fond la caisse, vent de dos cette fois, en direction de Moncton.

Nous passons par plusieurs petits villages ou les scènes quotidiennes bizarres se succèdent: des gens en 4-roues dans la rue, des chiens qui jappent a notre passage et du monde qui traversent la rue en tracteur à gazon.

On a du beau paysage et une excellente vitesse après notre calvaire de ce matin. On décide de filer vers Moncton, ou nous trouvons cette auberge de jeunesse ou nous serons très bien accueillis en plus d'avoir droit à une soirée de musique traditionnelle québécoise par nos co-chambreurs.

Nous pourrons y faire notre lavage et les mises à jour que vous lisez actuellement en plus d'ajouter les photos sur notre page Facebook.

Cela m'a pris beaucoup de temps pour récupérer mes textes, j'ai du tous les retranscrire. C'est pourquoi je les ferai plus courts (comme celui-ci, dixième étape) car ça me gruge tout mon peu de temps de récupération.

Voilà! Au plaisir de vous redonner des nouvelles au plus vite, direction Nouvelle-Écosse!!

1110 km. 52 heures.

"Just do it'

-Nike

Commentaires

Mona a dit…
Salut les gars! (mes 2 itinérants préférés)...
On vous suit et ne lâchez-pas!!
David, ton genou va être fini après celà?? Lavage à l'eau froide?? Pas trop bon pour vos articulations!
Beau blogue Dave - je vais aller voir les photos.
Ça va sûrement aller mieux lorsque vous serez rendus à T-N.
Vous direz bonjour à nos ''newfis'' Bon vent à vous deux (2).
Continuez d'être prudents car votre mère est un peu inquiète surtout quand vous couchez sous les ponts!!
Charles a dit…
Wow ça trop l'ère trippant les Maltais!
No pain no gain
Louis M a dit…
La citation de Bernard Valet... classique!
Anonyme a dit…
Bonjour les frêres Maltais, votre père doit être fier de vous, j'ai un contact à vous donner au BC, le gars est un malade de vélo aussi, je vous le communiquerez le temps venu. Si vous passez par Coldlake, j'ai aussi un neveu par là, je pourrais vous donner son adresse et l'aviser.

J'espère que ton genou ne te nuiraspas tout le voyage, sinon il y a risque à plus long terme d'être obligé d'arrêter.

Lâchez pas!
De Sylvain Levesque
Anonyme a dit…
jaime la citation de michel dans dodgeball! vs etes hots vs etes hots! REB
Z boy a dit…
Parfois, il y a tellement de ptits vieux qui se dirigent vers nous en meme temps, le dos courbe et l'air amoche, qu'on se croirait dans un mauvais film de zombies. Il faut dire qu'on est constament bunke, ce qui influence notre perception des choses!

10/10 !!!!
Carol a dit…
Jme suis tordu de rire !!!
"Ils deviennent meilleurs"
Anonyme a dit…
Salut les gars!
Heureuse de vous lire, très intéressant et surprenant par moment...
Vous semblez faire un beau voyage jusqu'à maintenant, continuez de nous faire parvenir de beaux textes et de belles photos...
Nous sommes avec vous quotidiennement!!!
Maman Anniexxx
Couze Isabelle a dit…
Je tripe avec vous les couzes. C'est super et vous êtes très braves de dormir dehors en dessous d'un viaduc !!! Lâche-pas l'écriture David c'est tellement stimulant! XX
Anonyme a dit…
Allo les frères Maltais, j'adore lire votre aventure de dingue,dans la vie il faut réaliser nos rêves et vous faites partis de ceux là, continuer à réaliser votre rêve en pédalant et surtout ne lâcher pas , car vous êtes très près de votre but. Bonne chance

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