Vaincre sa bête noire

Tout ce qui semble inaccessible est séduisant. 

J’ai souvent changé de discipline au fil des ans pour relever de nouveaux défis.

Mais une seule chose m’a toujours poussé à me replonger dans une même discipline à chaque saison: la bête noire. Cet événement sportif qui ne fonctionne jamais. Ça n’a rien à voir avec son ampleur, sa durée, ni avec le calibre au départ. 

C’est une course où rien ne va, année après année, jusqu’à ce que ça change. J’ai eu deux bêtes noires dans ma vie.

Récit d’une histoire à finir.

Bête noire passée

Quand j’étais ado, la Coupe du Québec de vélo de montagne au Mont-Sainte-Anne était l’événement de l’année pour ma gang du club de Chicoutimi. Pour plusieurs, c’était la première et seule Coupe Québec à l’extérieur de la région. C’était surtout l’occasion unique de courir sur le même parcours que nos idoles de la coupe du monde. 

Mais durant toutes ces années, les résultats n’ont jamais été là. J’ai eu la chance de rencontrer un excellent coach, Jude Dufour, qui m’a bien appris à séparer les résultats de la performance. Autrement dit, un résultat est quantifiable en position et une performance se mesure par l’effort, en se demandant si l'on a pu repousser nos limites, si l'on a été meilleur que la veille.

En gros, j’étais pas mal dans les derniers à chaque été: 30, 40e position etc. Comment avais-je pu percer le top 15 sur d’autres courses provinciales, avec les mêmes gars au départ?

Mauvais résultats, certes, mais mauvaises performances surtout. Je n’avais rien dans les jambes à Ste-Anne, à chaque année. Pourquoi? C’était ma bête noire.

J’adorais détester cette course. 

2005: Un autre vendredi de juin en enfer au Mont-Ste-Anne

Quand j’y suis retourné en 2006, pour la cinquième fois, le résultat ne comptait plus. Ce que je voulais, c’était de rouler comme j’étais capable sur ce parcours, pour une fois.

Et ce matin là, à ma première Coupe du Québec chez les juniors expert, j’ai fini troisième.

C’est resté ma meilleure journée sur un vélo. Je poussais mon corps à l’agonie absolue, tour après tour. Pour une raison inconnue, je n’ai jamais ralentit. J'accelerais, même. 

Ça, c’était toute une performance. Le résultat est venu avec. On inverse souvent ces deux choses quand on se fixe des objectifs. Une leçon qui, je l'espère, va encore me servir demain...

Bête noire invaincue

En 2010, mes amis de Sherbrooke m’ont embarqué dans le pentathlon des neiges. Je me disais que c’était juste un autre trip de fou, que ce serait le fun et que l’hiver passerait plus vite. C’était vrai.

Ce que je n’aurais jamais pensé, ce que 8 ans plus tard, je n’aurais toujours pas fini le pentathlon en courant. En cinq participations, peu importe mon niveau de préparation, ce fut un chemin de croix à chaque fois.

Pentathlon 2010, juste avant de marcher

Je pourchasse toujours ma bête noire. Comment la vaincre? Je ne sais plus trop. 

C’est une chose de finir loin des meneurs, c’en est une autre d’être presque vidé au départ, à chaque fois. C’est assez décourageant de vivre sa pire journée de sport de tout l’hiver... le jour de la seule course de l’hiver.

Mais c’est aussi pour ça que j’y retourne cette année. J’aimerais faire une course honnête au pentathlon pour une fois. Et en attendant, je me suis assuré d'apprécier les 4 mois d'entraînement au maximum tel que je le racontais plus tôt cette semaine.

Comme au Mont-Ste-Anne il y a douze ans, je n'ai plus d’attentes, ne vise aucune position. Je veux juste peser sur le gaz et qu’il y ait quelque chose dans le réservoir, pour une fois. 

Il n’y a rien de mieux que de vaincre sa bête noire. Quelle est la vôtre?

Partagez vos histoires sur la page facebook du Team Gris!

Commentaires

Articles les plus consultés